CHRONIQUE XIV : AUBE
L’aube… la promesse d’un nouveau jour. Le ciel se teinte de nuances subtiles, il revêt ses plus beaux atours… Un moment où l’expression se tarit, ne suffit plus pour décrire une réalité… si simple mais si subtile, presque évanescente… Quelle réalité !! En deux mots… aurore… aube… la poésie émane, sans qu’il n’ait besoin d’en tirer la quintessence, intrinsèquement liée aux termes eux-mêmes…
La réunion s’était prolongée à une heure avancée de la nuit... Le donjon s’était avéré délicat à achever, des embûches imprévues s’étaient dressées sur leur chemin… Deux lieux…une même vision…
Le premier, Ilsane, s’approcha de l’ouverture par laquelle les prémices des premiers rayons commençaient à poindre. Attirée par son attitude, Ilyn se précipita à son tour, culbutant au passage Charclator qui s’était assoupi sur un fauteuil et qui émit un grognement de protestation qu’elle suspendit par un baiser sonore sur le front.
Kirthgersen plissa les yeux, puis offrit son visage aux doux rayons. Les premières lueurs de l’aube, après ce passage dans des couloirs obscurs et humides, semblaient aussi réconfortantes que la liqueur qu’il s’était promis de savourer dès son retour au château. Il rencontra le regard de Corbeau qui semblait partager cette opinion.
Thierry s’étira et jeta un regard amusé sur les observateurs de ce spectacle, chaque jour renouvelé. Galarina et Daraël rejoignirent leurs compagnons, admirant à leur tour, l’émanation chaude et mystique, la renaissance du jour, vainqueur de sa lutte acharnée et sans merci contre les brumes opaques de la nuit. Hpcp, lui, admirait sa femme, sa silhouette se détachant de l’embrasure de la fenêtre, bien plus que les déclinaisons poétiques visuelles de cet instant…
Alexf et Nodor émergèrent à leur tour du donjon, se sentirent rassérénés, après leurs luttes féroces contre des entités démoniaques et corrompues, par ce sentiment de réconfort et de plénitude qui montait en eux, simultanément aux premiers rayons de l’astre roi.
Tadaki enjoignit Matsuto à venir lui aussi participer à l’allégresse commune de ce début de journée, vécu à l’unisson, par tous les membres de la compagnie noire.
D’autres, dans leurs demeures respectives, Zobbyth, Hortense, Missjessica, poussés par une impulsion irrésistible, un appel mystérieux, contemplèrent l’épanouissement du jour.
Arannel, revenant d’une course nocturne, au faîte d’un toit, apprécia toute la magnificence du spectacle, hôte privilégié, s’étant arrogé la meilleure place…
Un son s’éleva, offrant salutations sonores aux premières lueurs du jour… L’aube visuelle se transcenda, devint musicale…
Tous se plongèrent dans cette vision si simple des choses naturelles et en retirèrent au sein de leur être un goût particulier, une saveur poétique qui emplirent leur fort intérieur et se donna à lire et découvrir en eux tel un poème…
(Quelque part, ailleurs, les membres de la guilde Arcanis, de même, contemplaient eux-aussi le miracle de la nature que seuls les esprits simples peuvent encore goûter… )
Manawyddan, barde et chroniqueur mystique.
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Barde de la compagnie noire